Programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028

principaux objectifs et mesures

Après une dernière phase de consultation publique, le Gouvernement a publié officiellement le 23 avril 2020 ses deux textes référents pour l’atteinte des objectifs de la Stratégie française pour l’énergie et le climat : la mise à jour de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE).
Il a fallu deux années pour aboutir à ces versions afin de prendre en compte les mesures de la loi Énergie-Climat, ainsi que des avis et commentaires reçus lors du processus de consultation. Cependant, le Gouvernement alerte que des mises à jour seront effectuées pour “intégrer des éléments encore en cours d’élaboration par des instances telles que la Commission européenne, qui travaille sur le rehaussement des objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030, ou la Convention Citoyenne pour le Climat qui n’a pas rendu ses conclusions finales du fait des mesures de confinement”.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie fixe les priorités d’actions des pouvoirs publics dans le domaine de l’énergie afin d’atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, en cohérence avec la SNBC. Elle fixe ainsi des objectifs de production d’énergie pour toutes les filières à horizon 2023 et 2028.

Concernant la production de chaleur

Cette révision de la PPE dresse le contexte énergétique avec une consommation de chaleur renouvelable passant de 154 TWh en 2017 à 196 TWh en 2023 et entre 218 et 247 TWh pour 2028, soit une hausse de la consommation de 25% puis de 40 à 60% par rapport à 2017.
Pour répondre à cette hausse de la consommation, l’Etat fixe aux différentes filières thermiques les objectifs suivants :

Objectifs par filière
Objectifs de consommation finale des filières de chaleur renouvelable (TWh)

Source : Synthèse de la PPE, pour tous les tableaux et extraits qui suivent.


Pour atteindre ces objectifs, l’Etat prévoit de prendre les mesures suivantes :


Mesures spécifiques à la promotion du solaire thermique 

         Dans l’individuel :

  • Pérenniser le soutien via le CITE aux dispositifs solaires thermiques (SSC, CESI, etc.) dans le cadre du recentrage du CITE sur les travaux les plus efficaces ;
  • Développer un kit de communication pour les conseillers FAIRE sur l’intérêt du solaire thermique dans l’individuel, promeuvent davantage cette solution.

        Dans le collectif, tertiaire et l’industrie :

  • Prolonger pour au moins 3 ans l’appel à projets du Fonds chaleur pour les grandes surfaces solaires thermiques, dont les critères d’évaluation des projets ont été revus en 2019 ;
  • Permettre des aides du Fonds chaleur à la réhabilitation d’installations défaillantes : audit de dimensionnement, instrumentation des performances, montée en compétences, subvention sous condition (par exemple si aucun soutien déjà accordé sur l’installation ou si un CPE est envisagé) ;
  • Depuis, 2019, l’alimentation des réseaux de chaleur par du solaire thermique est prise en compte pour l’attribution de la TVA à taux réduit de la chaleur livrée par des réseaux EnR&R ;
  • Intégrer dans les audits énergétiques des grandes et moyennes entreprises une évaluation technico-économique de la production de chaleur solaire ou géothermique ;
  • Développer une communication sur l’intérêt du solaire thermique vers le milieu agricole ;
  • Diversifier le rôle des animateurs bois énergie vers d’autres technologies comme le solaire thermique et la géothermie.

Mesures spécifiques à la biomasse solide :

  • Favoriser la valorisation chaleur de la biomasse avant la cogénération haut rendement. La chaleur sera nettement prioritaire pour la valorisation énergétique de la biomasse ;
  • Remplacer à un rythme rapide les appareils indépendants de chauffage au bois (foyers, poêles, inserts) peu performants par des équipements plus performants en termes de rendement et de qualité de l’air (flamme verte, granulés, etc.) 
  •  Organiser une campagne de sensibilisation sur la bonne utilisation du bois domestique ;
  • Développer des analyses territoriales de la biomasse à l’échelle régionale (dans le cadre de l’élaboration des schémas régionaux biomasse) afin de mobiliser les ressources en biomasses disponibles mais pas encore exploitées avec une mise à jour des données d’inventaire (travail en cours de l’IGN) ;
  •  Poursuivre le soutien aux chaufferies dans le collectif et l’industrie via le Fonds chaleur.

Mesures spécifiques aux PAC :

  • Pérenniser des soutiens via le CITE/MaPrimeRénov’ pour les PAC air/eau et pour les PAC géothermiques, en visant le même ordre de grandeur de reste à charge pour l’une ou l’autre de ces deux solutions ;
  • Soutenir la géothermie assistée par pompe à chaleur ainsi que les projets de froid renouvelable par géothermie via le Fonds chaleur.

Principales mesures de promotion du gaz renouvelable non injecté :

  •  Mettre en place un dispositif de soutien adapté pour le biométhane non injecté dans les réseaux de gaz naturel (en particulier biométhane utilisé directement pour des véhicules au bioGNV) ;
  • Favoriser le GNV et le bioGNV notamment grâce au suramortissement à l’achat de véhicules compatibles.


Principales mesures de promotion du gaz renouvelable injecté :

  • Donner de la visibilité en adoptant un calendrier d’appel d’offres pour le biométhane injecté : deux appels d’offres, pour un objectif de production annuelle de 350 GWh PCS/an chacun, seront lancés chaque année ;
  • Consolider l’obligation d’achat de biogaz à un tarif réglementé et lancer des appels d’offres permettant d’atteindre les objectifs de production à un coût maîtrisé grâce à de fortes baisses des coûts :
  • Les appels d’offres seront construits sur une trajectoire de tarif d’achat de référence, utilisée pour dimensionner l’enveloppe budgétaire, dont la cible sera d’atteindre une moyenne de 75 €/MWh PCS pour les projets de biométhane injecté sélectionnés en 2023 et 60 €/MWh PCS en 2028. Si ce prix moyen n’est pas atteint, les volumes alloués seront réduits afin de ne pas dépasser le niveau de dépense publique visé. Une trajectoire de tarif d’achat maximal atteignant 90 €/MWh PCS pour le biométhane injecté en 2023 et 80 €/MWh PCS en 2028 sera également mise en place.
  • Le volume de l’appel d’offres sera adapté à la hausse si les tarifs moyens demandés dans le cadre des offres sont inférieurs à la trajectoire de tarif d’achat de référence. Le tarif d’achat proposé en guichet ouvert pour les installations de petite taille sera ajusté à la baisse en cas de contractualisation de capacités de production de biogaz supérieures à l’objectif de 800 GWh PCS par an sur l’ensemble des filières de valorisation.

 

Concernant les réseaux de chaleur

Le Gouvernement insiste sur “le rôle essentiel que joue les réseaux de chaleur pour le développement des énergies renouvelables et la valorisation des énergies de récupération”. 
Pour atteindre la fourchette haute pour 2028, soit 36 TWh en chaleur et 2,7 TWh en froid, il faudrait multiplier par 2,6 les livraisons de chaleur et de froid.

Objectifs complémentaires aux mesures relatives à l’offre de chaleur renouvelable et de récupération 

Pour atteindre ces objectifs, l’Etat prévoit de prendre les mesures suivantes :
Principales mesures :
Mesures techniques :

  • Assurer l’intégration des EnR&R dans les politiques et plans territoriaux et documents d’urbanisme ;
  • Faciliter le recours au classement des réseaux qui permet à une collectivité de rendre obligatoire le raccordement à son réseau de chaleur, pour les nouveaux bâtiments ou les bâtiments lourdement rénovés ;
  • Établir au niveau européen une définition reconnue du froid renouvelable, lorsqu’il est livré par réseau ;
  • Imposer la réalisation et l’actualisation de schémas directeurs pour les réseaux de chaleur ou de froid dans les communes dotées d’un réseau, tous les 10 ans, en systématisant l’évaluation de l’opportunité de créer un service public de distribution de froid.,
  • Organiser une campagne de sensibilisation sur la bonne utilisation du bois domestique ;
  • Développer des analyses territoriales de la biomasse à l’échelle régionale (dans le cadre de l’élaboration des schémas régionaux biomasse) afin de mobiliser les ressources en biomasses disponibles mais pas encore exploitées avec une mise à jour des données d’inventaire (travail en cours de l’IGN) ;
  • Poursuivre le soutien aux chaufferies dans le collectif et l’industrie via le Fonds chaleur.

Mesures spécifiques aux PAC :

  • Pérenniser des soutiens via le CITE/MaPrimeRénov’ pour les PAC air/eau et pour les PAC géothermiques, en visant le même ordre de grandeur de reste à charge pour l’une ou l’autre de ces deux solutions ;
  • Soutenir la géothermie assistée par pompe à chaleur ainsi que les projets de froid renouvelable par géothermie via le Fonds chaleur.

Concernant les mesures transversales pour le développement de la chaleur renouvelable

Mesures transversales pour développer la chaleur renouvelable 

Mesures techniques :

  • Veiller à ce que la future réglementation environnementale sur les bâtiments neufs (RE 2020) conduise à un taux minimum de chaleur renouvelable* dans tous les bâtiments neufs (individuel, collectif et tertiaire) dès sa mise en œuvre ;
  • Faire un retour d’expérience du moteur de calcul dans la RT2012 et sur l’expérimentation E+C- pour mieux valoriser les EnR thermiques, notamment la géothermie et le solaire thermique, dans la future réglementation environnementale RE 2020 ;
  • Faciliter le recours au classement des réseaux de chaleur et de froid performants.

Mesures financières :

  • Poursuivre le renforcement du Fonds Chaleur dès 2019 avec un budget annuel du Fonds chaleur de 307 M€ en 2019 puis 350 M€ à compter de 2020. Le niveau des autorisations d’engagement de l’ADEME pour le Fonds Chaleur sera stabilisé à 350 M€ à partir de 2022 si aucune évolution de la fiscalité carbone n’intervient d’ici là.
  • Simplifier les règles du Fonds chaleur : l’obligation des avances remboursables pour les projets du Fonds chaleur a été supprimée en 2019 et remplacée par des subventions, les règles d’encadrement des aides internes à l’ADEME ont été rapprochées en 2019 de l’encadrement communautaire en s’alignant sur les niveaux de soutien maximaux pour les réseaux de chaleur plus favorable pour les activités non économiques ; développer les contrats territoriaux et patrimoniaux de développement des énergies renouvelables, qui permettent de subventionner des grappes de petits projets ;
  • Rendre le CITE et MaPrimeRénov’ qui lui succède plus efficaces en fixant un montant forfaitaire, différencié selon les technologies et tenant notamment compte de la production de chaleur renouvelable assurée par chaque type d’équipement ;
  • Maintenir la TVA à 5,5 % pour les équipements de chaleur renouvelable éligibles au CITE, et les travaux liés (exemple : conduit d'évacuation des fumées, silo à granulés) ;
  • Mieux articuler les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE) et les aides du Fonds chaleur selon des conditions respectant l’encadrement communautaire européen ;
  • Depuis mi-2019, l'éco-prêt à taux zéro s'applique pour tous travaux éligibles au CITE sans aucune condition de bouquet de travaux.