Réaliser un état des lieux et étudier le potentiel de développement des réseaux de chaleur/froid à l’échelle régionale

Contexte

Les réseaux de chaleur et de froid sont un moyen efficace pour mobiliser massivement les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) et diminuer les émissions de gaz à effet de serre, de façon locale et intégrée à un territoire.

C’est donc tout naturellement que la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), loi n°2015-992 du 17 août 2015, leur apporte un socle juridique plus précis et un objectif fort à l’horizon 2030 : multiplier par 5 la chaleur renouvelable et de récupération livrée par les réseaux de chaleur et de froid. La LTECV prévoit notamment un recensement de l’ensemble des réseaux de chaleur dans le cadre du schéma régional climat air énergie (SRCAE). La loi NOTRe prévoit un schéma de planification unique piloté par les Régions : le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), englobant le SRCAE et donc l’état des lieux régional des réseaux de chaleur.

Le Cerema a réalisé un guide et cette fiche action pour aider les acteurs régionaux à faire ce recensement. Il propose aussi d’aller plus loin et d’utiliser ce recensement pour évaluer le potentiel de développement des réseaux de chaleur.

L’objectif n’est pas d’avoir une vision absolument complète et à jour des réseaux de chaleur à l’échelle régionale, mais le croisement des différentes sources qui y sont mentionnées permet un état des lieux assez proche de la réalité, avec néanmoins un possible décalage temporel.

Les sources mobilisables

Les sources mobilisables pour cet état des lieux sont synthétisées dans le tableau suivant avec l’échelle, le type de données, la chronologie, les atouts et les limites de chacune.

Parmi ces sources se retrouvent les grands producteurs de données tels que le syndicat national de chauffage urbain et de la climatisation urbaine (SNCU), le service des données et études statistiques du ministère en charge de l’Environnement (SDES), l’association Via Sèva spécialisée dans la promotion des réseaux de chaleur et de froid, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), etc.

Exemple d'état des lieux régional

Le guide comprend un exemple de recensement de réseaux de chaleur au sein d’une région, les Pays-de-la-Loire. En effet, en 2013, la DREAL des Pays-de-la-Loire a réalisé un panorama régional des réseaux de chaleur, par le biais d’une enquête. L’objectif était non seulement de conforter les connaissances de la situation régionale par les services de l’État, mais aussi d’être en capacité de mettre à disposition de l’ensemble des acteurs intéressés ce panorama.

Cet exercice a permis de soulever les difficultés d’un tel état des lieux et d’amorcer un processus d’amélioration. En outre, il a permis aux collectivités en pleine démarche Plan climat, d’avoir une évaluation de leur politique publique en matière de développement des énergies renouvelables.

L’ensemble de l’enquête initiale, renforcée par le processus d’amélioration, a permis de dégager une démarche reproductible à d’autres régions. L’enquête a mobilisé deux chargés de mission énergie-climat généralistes de la DREAL, et ne nécessite pas une connaissance approfondie du sujet des réseaux de chaleur.

Potentiel de développement des réseaux de chaleur

Le guide comprend également un volet permettant, à travers des exemples à différentes échelles , d’amorcer une connaissance du potentiel de développement des réseaux de chaleur sur son territoire. De plus, il propose des méthodes rapides pour déterminer ce potentiel de développement.

Au niveau national

L’estimation des besoins de chaleur des bâtiments (travail réalisé en 2013 par Setec pour le ministère de l’environnement, mis à jour par le Cerema en 2020), ainsi que les grandes sources de chaleur, sont cartographiés (travail du Cerema pour le Ministère en charge de l’environnement), conformément à la Directive européenne sur l’efficacité énergétique, et mises à disposition sur notre site, depuis fin 2015.

Carte nationale de consommation de chaleur à la commune. Source Ministère en charge de l’écologie
Carte nationale de consommation de chaleur à la commune. Source Ministère en charge de l’écologie

 

L’étude SNCU/Setec s’appuie également sur cette estimation des consommations de chaleur, pour les secteurs résidentiel et tertiaire, et va plus loin en cartographiant les tracés des réseaux « viables », c’est-à-dire les réseaux dont la densité thermique linéaire est supérieure à 4,5 MWh. Cette étude est très intéressante pour connaître les réseaux viables de sa région. Afin de la compléter, il est cependant opportun de la croiser avec les tracés des réseaux existants et leurs données principales (mix énergétique, chaleur livrée).
Exemple ci-dessous pour la ville de Saint-Nazaire

carte des consommations de chaleur, pour les secteurs résidentiel et tertiaire

Source : Observatoire des réseaux

Une autre source possible d’informations sur les besoins des territoires est présentée ci-après :

informations sur les besoins des territoires

Sur cet extrait, le tracé rouge est celui du réseau existant et les carrés de jaune à rouge foncé représentent les besoins de chaleur des bâtiments projetés sur un carré de 250m de côté

 

Au niveau régional,

Une première étude réalisée en Île-de-France s’est déroulée sur deux ans, et a été confiée à un bureau d’étude.
La première phase a été la création d’un comité consultatif présidé par le préfet de région pour associer dans la démarche tous les partenaires concernés (services de l’État, ADEME, Amorce, Fedene, associations de consommateurs, responsable de copropriétés…).
En phase 2, un état des lieux a été réalisé avec, pour chaque réseau, la création d’une fiche panoramique regroupant les critères de classement (puissance, coût de la chaleur, émission de CO2 et indicateurs de performance).

La troisième phase a permis de déterminer le potentiel le plus important de développement des réseaux de chaleur à l’échelle de la région par le biais d’une cartographie. Le niveau de précision attendu était le niveau permettant d’identifier les quartiers à fort potentiel, afin de contribuer au ciblage géographique d’études de faisabilité plus complètes. Ainsi, les tracés des réseaux existants ont été récoltés et cartographiés.

Cette étude  est reproductible dans d’autres régions, d’autant plus que l’estimation des besoins de chaleur des bâtiments est déjà réalisée et diffusée sur la carte nationale de chaleur ou mise à disposition avec le tracé des réseaux viables par le SNCU.

Au niveau départemental

En Ardèche, l’étude réalisée en 2014 par l’association Polénergie, a permis de développer un outil pour cartographier les réseaux de chaleur bois potentiellement pertinents, après avoir modélisé la consommation énergétique individuelle de l’ensemble des bâtiments répertoriés. Ce travail a permis d’identifier un grand nombre de  réseaux potentiels bois.

En bref

La mise en évidence du potentiel de développement des réseaux de chaleur sur son territoire est maintenant facilitée par la publication de la cartographie nationale des besoins de chaleur, et la mise à disposition des réseaux viables par le SNCU. Pour avoir le vrai potentiel, au plus près des territoires (communes, quartiers), il faut un bon état des lieux comprenant si possible les tracés des réseaux existants (comme cela a été fait en Ile-de-France).

Pour aller plus loin

Voir le guide Réaliser un état des lieux et étudier le potentiel de développement des réseaux de chaleur/froid à l’échelle régionale

guide Réaliser un état des lieux et étudier le potentiel de développement des réseaux de chaleur/froid à l’échelle régionale