Réseaux de chaleur et quartiers anciens

Quelle problématique ?

La question du développement des réseaux de chaleur dans les quartiers neufs a été fortement mise en avant ces dernières années, certainement portée par l’attention accordée à des thématiques telles que les écoquartiers ou la réglementation thermique 2012.
Pour autant, lorsqu’on regarde les enjeux sur le plan quantitatif (consommations d’énergie, émissions de gaz à effet de serre), il apparaît de façon évidente que la seule attention accordée aux quartiers neufs est loin d’être suffisante pour atteindre les objectifs de transition énergétique aux horizons 2020, 2030 ou même 2050. La ville se renouvelle en effet très lentement, de l’ordre de 1% par an.
Autrement dit, pour des effets significatifs sur la consommation énergétique des villes françaises de 2050, dont le tissu urbain et bâti est déjà construit aujourd’hui à près de 70%, il est indispensable de mener des actions également sur les quartiers anciens.
Comme pour le neuf, ces actions doivent porter de façon conjointe sur la réduction des consommations et sur l’augmentation de la part des énergies renouvelables et de récupération. Sur ce deuxième axe, les réseaux de chaleur ont un rôle important à jouer car ils sont souvent, en particulier en tissu urbain dense, la seule solution qui permette de convertir massivement des bâtiments à ces énergies (voir Enjeux du développement des réseaux de chaleur).

L'autre cantine à Nantes

En Ile-de-France, le SRCAE prévoit la densification et le développement des réseaux de chaleur, en tant que première mesure de développement des EnR dans les zones qui sont déjà urbanisées.
Les questions techniques, économiques, juridiques et de gouvernance que pose le développement des réseaux de chaleur en quartiers existants sont sensiblement différentes de celles qui se posent pour le neuf.
En voici quelques unes, issues des premières réflexions du pôle Réseaux de Chaleur du Cerema sur ce sujet, et de quelques échanges avec des collectivités, notamment Nantes Métropole dont le projet de développement du réseau Centre-Loire amène à créer plus de 60 km supplémentaire de réseau en 5 ans, essentiellement pour desservir des quartiers existants.

Définir le périmètre et le tracé du réseau dans les zones urbanisées

  • Comment choisir le périmètre cible : y a t-il des quartiers qu’il faut impérativement couvrir, d’autres à éviter ?
  • Quels critères de choix ? Potentiel de consommation de chaleur des bâtiments, facilité de réalisation des travaux d’extension…
  • Quelles sources de données géographiques sont disponibles pour évaluer ces critères ? Données de consommation des bâtiments, données de compatibilité technique (mode de distribution de chaleur dans les bâtiments…), données relatives à l’encombrement du domaine public routier…
  • Comment choisir le meilleur tracé pour couvrir le périmètre ciblé ? Y a t-il des rues à éviter (sous-sol encombré, voirie très récente…), des points à raccorder impérativement (bâtiments importants : logements collectifs, bâtiments publics…) ?
  • Comment se répartissent les rôles entre la collectivité et le délégataire (si DSP) ? Quelle utilisation du contrat de DSP pour orienter la couverture des zones urbanisées ?
  • Etc.

Faciliter le déploiement du réseau de distribution

  • Comment réduire le coût et la gêne occasionnée par les travaux de tranchées ?
  • Comment insérer le réseau de chaleur dans le dispositif de coordination des travaux de voirie ? Quelle circulation des informations entre le délégataire et la collectivité ? Quelles interfaces entre les différents services de la collectivité (énergie, voirie, circulation, réseaux d’eau…) ?
  • Quels supports d’information pour partager une vision commune ? Existe t-il un planning de déploiement du réseau (zonage + calendrier) ? Quelle connaissance des réseaux souterrains dans le SIG de la collectivité ?
  • Quelles possibilités de mutualisation des travaux avec d’autres réseaux ? Quelles contraintes techniques (distances inter-canalisations), quelles compatibilités techniques, quelle pertinence économique à partager la tranchée ?
  • Etc.

Au niveau des bâtiments : quels gains, quelles contraintes ?

  • Quels bâtiments sont à cibler en priorité pour les propositions de raccordement ? Comment convaincre les propriétaires, quels éléments de comparaison avec leur mode de chauffage actuel, que gagnent-ils et que perdent-ils en se raccordant au réseau de chaleur ?
  • Où installer les sous-stations : domaine public ? Domaine privé ? En surface ? Enterrées ? Dans locaux existants ? A créer ?
  • Quel poids des arguments techniques sur le faible impact architectural/encombrement de la sous-station (par rapport à des chaudières ou des équipements EnR décentralisés) ? Quels effets de la valeur paysagère/architecturale du quartier ? Quel impact de la valeur du m² de surface dans/sur le bâtiment ? Ces questions semblent également importantes pour les réseaux de froid (fort impact visuel et architectural des systèmes de climatisation décentralisés).
  • Quelle est la perception générale des réseaux de chaleur par les gestionnaires ou occupants des bâtiments ? Quelle variabilité selon les profils (bailleurs sociaux, copropriétés privées, collectivités territoriales, bâtiments de l’État…) ?
  • Le développement du réseau amène t-il des changements tarifaires pour les bâtiments déjà raccordés ? Comment les expliquer et les accompagner ?
  • Utilisation ou non de l’outil “classement” pour améliorer le taux de raccordement (mise en place d’une obligation pour les bâtiments qui se rénovent, s’étendent ou changent de chaudière) ?
  • Quels dispositifs d’information et d’accompagnement auprès des habitants ?
  • Etc.